Ce n’est pas la joie au Port de
Pêche de Cotonou. Les pirogues qui partent en mer reviennent avec peu de
poissons. Les vendeuses font face à la rareté de leur matière première. Les
consommateurs sont aussi insatisfaits, ce qui installe une certaine morosité
sur le marché.
Port de Pêche de Cotonou, ce jeudi 30 avril 2015. Le soleil, déjà au zénith, distille une forte chaleur. Loin derrière les étales et les installations du port de pêche artisanale, de nombreuses pirogues sont au repos sur l’eau, signe que des pêcheurs ne sont pas allés en mer. Les vendeuses devant de maigres étalages, échangent bruyamment. Quelques rares clients discutent les prix, la mine défaite. ’’ Trois Carangues à 30.000F, c’est trop’’, se plaint une jeune dame, avec un sac en raphia sous les bras. ‘’Ce poisson est rare maintenant, Madame. Voyez vous-même’’, répond en langue nationale Fon, dame Pélagie, vendeuse.
Port de Pêche de Cotonou, ce jeudi 30 avril 2015. Le soleil, déjà au zénith, distille une forte chaleur. Loin derrière les étales et les installations du port de pêche artisanale, de nombreuses pirogues sont au repos sur l’eau, signe que des pêcheurs ne sont pas allés en mer. Les vendeuses devant de maigres étalages, échangent bruyamment. Quelques rares clients discutent les prix, la mine défaite. ’’ Trois Carangues à 30.000F, c’est trop’’, se plaint une jeune dame, avec un sac en raphia sous les bras. ‘’Ce poisson est rare maintenant, Madame. Voyez vous-même’’, répond en langue nationale Fon, dame Pélagie, vendeuse.
‘’ Pour les petits poissons, la caisse
nous revient à 50.000 Francs. Et nous sommes obligées de vendre le kilogramme à
2000 ou 3500 Francs selon les périodes. Il faut nous comprendre, Madame. Nous
devons aussi nourrir nos familles’’, ajoute-elle.
Véronica
Pognon, présidente du groupement des vendeuses, dénommé «Edjè Atcho »
reconnait qu’il y a moins de poissons capturés en mer, depuis
quelques semaines. Installée à son bureau sous l’un des hangars, elle indique
de la main, une poignée de poissons que ses collaboratrices ont étalés. Il y a sur chaque vieux plateau en aluminium,
divers types de poissons : Raie, Espadon, Bar, Capitaine, Sapater etc. Des
poissons d’une certaine taille et qui sont chers sur le marché. Un Espadon peut
coûter 10.000 Francs CFA et une Raie 50.000 Francs. Par contre, le Kg de Bar
est 3500 Francs. Les pêcheurs n’en ramènent plus beaucoup. ‘’Nous les
vendeuses, nous devons nous bagarrer au moment de leur retour pour avoir un peu
de poissons’’, explique Véronica Pognon, pour qui la pêche maritime n’a pas de
secret. ‘’ Il y a 10 ou 12 ans, des gens ont amené des bateaux appelés
« Kékéli » et les problèmes ont commencé. Ces bateaux avec des filets à petites mailles ont fini les
alevins’’, rappelle la responsable de groupement.
Mais
en réalité, les raisons de la pénurie actuelle de poissons de mer sont
ailleurs. Les pêcheurs sur les différentes mers traversent une saison morte.
C’est une période comprise entre mars à juillet chaque année. Pendant
cette période, les algues envahissent les mers et les poissons s’y cachent pour
pondre leurs œufs. La capture de poissons connait alors une baisse au cours de cette période. A
partir du mois d’aout et jusqu’en février, il y aura plus de poissons en mer.
‘’Le
phénomène que nous observons, est normal et mondial. Et c’est pour cela les
bateaux et les pirogues que vous voyez, sont désœuvrés’’, explique Augustin
Amoussougbo, secrétaire général du l’Union Nationale des Pêcheurs Marins et Assimilés
du Bénin.
Diversifier les sources
d’approvisionnements
Les
responsables du port de pêche artisanale de Cotonou travaillent en harmonie
avec l’Union Nationale des Pêcheurs Marins et Assimilés du Bénin. Mais pour
l’heure cette collaboration n’a pas encore aidé à résoudre les problèmes de la
pêche maritime. La question des filets à petites mailles se pose toujours.
Il faut sensibiliser les 77 groupements de pêcheurs opérant
le long des côtes béninoises sur la question.
Mais malgré tout, le volume de poissons pêchés par les pêcheurs
artisanaux s’accroit chaque année. En
témoignent ces chiffres obtenus à la direction de la pêche artisanale à
Cotonou. En 2011, le Bénin a produit 1,105 tonne de poissons. 1,345 tonne en
2012, 1,833 tonne en 2013 et 1,981en 2014. Des chiffres en hausse d’année en
année, et qui cachent une autre réalité. Le nombre de pêcheurs en mer
progresse, mais avec des résultats limités. Par exemple, cinq pêcheurs partent
en mer et reviennent avec 10 kg de
poisson en une journée. Le lendemain, il faut 10 hommes pour ramener la même
quantité. ‘’Il est donc nécessaire de diversifier les sources
d’approvisionnement du Bénin en poissons’’, recommande un responsable de la direction des
pêches.
Les
sources d’approvisionnement actuelles sont au nombre de quatre : les eaux
douces, la mer, la pisciculture et l’importation. Des sources dont les produits ne suffisent
pas à couvrir la consommation du Bénin. Au lieu de 24 kilogrammes de poissons
par an, chaque Béninois se contente de cinq kilos en moyenne.
En
attendant vendeuses et clients se contentent du peu de poissons de mer que les pêcheurs
ramènent. Le port de Pêche retrouvera sa vie normale dans trois mois. Quand les
poissons, réfugiés sous les algues, seront de retour.
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