mercredi 20 mai 2015

Pénurie de poissons au Port de pêche




Ce n’est pas la joie au Port de Pêche de Cotonou. Les pirogues qui partent en mer reviennent avec peu de poissons. Les vendeuses  font face à  la rareté de leur matière première. Les consommateurs sont aussi insatisfaits, ce qui installe une certaine morosité sur le marché.

Port de Pêche de Cotonou, ce jeudi 30 avril 2015. Le soleil, déjà au zénith, distille une forte chaleur. Loin derrière les étales et les installations du port de pêche artisanale, de nombreuses pirogues sont au repos sur l’eau, signe que des pêcheurs ne sont pas allés en mer. Les vendeuses devant de maigres étalages, échangent bruyamment.  Quelques rares clients discutent les prix, la mine défaite. ’’ Trois Carangues à 30.000F, c’est trop’’, se plaint une jeune dame, avec un sac en raphia sous les bras. ‘’Ce poisson est rare maintenant, Madame. Voyez vous-même’’, répond en langue nationale Fon, dame Pélagie, vendeuse.
 ‘’ Pour les petits poissons, la caisse nous revient à 50.000 Francs. Et nous sommes obligées de vendre le kilogramme à 2000 ou 3500 Francs selon les périodes. Il faut nous comprendre, Madame. Nous devons aussi nourrir nos familles’’, ajoute-elle.
Véronica Pognon, présidente du groupement des vendeuses, dénommé «Edjè Atcho »  reconnait qu’il y a moins de poissons capturés en mer, depuis quelques semaines. Installée à son bureau sous l’un des hangars, elle indique de la main, une poignée de poissons que ses collaboratrices ont étalés.  Il y a sur chaque vieux plateau en aluminium, divers types de poissons : Raie, Espadon, Bar, Capitaine, Sapater etc. Des poissons d’une certaine taille et qui sont chers sur le marché. Un Espadon peut coûter 10.000 Francs CFA et une Raie 50.000 Francs. Par contre, le Kg de Bar est 3500 Francs. Les pêcheurs n’en ramènent plus beaucoup. ‘’Nous les vendeuses, nous devons nous bagarrer au moment de leur retour pour avoir un peu de poissons’’, explique Véronica Pognon, pour qui la pêche maritime n’a pas de secret. ‘’ Il y a 10 ou 12 ans, des gens ont amené des bateaux appelés « Kékéli » et les problèmes ont commencé. Ces bateaux  avec des filets à petites mailles ont fini les alevins’’, rappelle la responsable de groupement.
Mais en réalité, les raisons de la pénurie actuelle de poissons de mer sont ailleurs. Les pêcheurs sur les différentes mers traversent une saison morte. C’est une période comprise entre mars à juillet chaque année.  Pendant cette période, les algues envahissent les mers et les poissons s’y cachent pour pondre leurs œufs. La capture de poissons connait  alors une baisse au cours de cette période. A partir du mois d’aout et jusqu’en février, il y aura plus de poissons en mer.
 ‘’Le phénomène que nous observons, est normal et mondial. Et c’est pour cela les bateaux et les pirogues que vous voyez, sont désœuvrés’’, explique Augustin Amoussougbo, secrétaire général du l’Union Nationale des Pêcheurs Marins et Assimilés du Bénin.  
Diversifier les sources d’approvisionnements
Les responsables du port de pêche artisanale de Cotonou travaillent en harmonie avec l’Union Nationale des Pêcheurs Marins et Assimilés du Bénin. Mais pour l’heure cette collaboration n’a pas encore aidé à résoudre les problèmes de la pêche maritime. La question des filets à petites mailles se pose toujours.
  Il faut  sensibiliser les 77 groupements de pêcheurs opérant le long des côtes béninoises sur la question.  Mais malgré tout, le volume de poissons pêchés par les pêcheurs artisanaux s’accroit chaque année.  En témoignent ces chiffres obtenus à la direction de la pêche artisanale à Cotonou. En 2011, le Bénin a produit 1,105 tonne de poissons. 1,345 tonne en 2012, 1,833 tonne en 2013 et 1,981en 2014. Des chiffres en hausse d’année en année, et qui cachent une autre réalité. Le nombre de pêcheurs en mer progresse, mais avec des résultats limités. Par exemple, cinq pêcheurs partent en mer et  reviennent avec 10 kg de poisson en une journée. Le lendemain, il faut 10 hommes pour ramener la même quantité. ‘’Il est donc nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnement du Bénin en poissons’’,  recommande un responsable de la direction des pêches.
Les sources d’approvisionnement actuelles sont au nombre de quatre : les eaux douces, la mer, la pisciculture et l’importation.  Des sources dont les produits ne suffisent pas à couvrir la consommation du Bénin. Au lieu de 24 kilogrammes de poissons par an, chaque Béninois se contente de cinq kilos en moyenne.  
En attendant vendeuses et clients se contentent du peu de poissons de mer que les pêcheurs ramènent. Le port de Pêche retrouvera sa vie normale dans trois mois. Quand les poissons, réfugiés sous les algues, seront de retour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire